Aller au contenu

Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaincue qu’ils étoient sans fondement[1], et je crois, selon que je l’ai entendu dire à madame de Maintenon, que cette fille s’est tuée pour avoir voulu partir de Fontainebleau le même jour que le Roi, quoiqu’elle fût en travail et prête à accoucher. Elle fut toujours languissante depuis, et mourut enfin peu regrettée.

Madame de Montespan n’auroit pas appréhendé la durée du crédit de madame de Fontanges ; elle auroit été bien sûre que le roi seroit toujours revenu à elle, si-elle n’avoit eu que cet obstacle. Son caractère, plus ambitieux que tendre, lui avoit fait souvent regarder avec indifférence les infidélités du Roi ; et, comme elle agissoit quelquefois par dépit, elle avoit elle-même contribué à fortifier les commencemens du goût que le Roi avoit pris pour la beauté de madame de Fontanges. J’ai ouï dire qu’elle l’avoit fait venir chez elle, et qu’elle n’avoit rien oublié pour la faire paroître plus belle aux yeux du Roi elle y réussit et en fut fâchée ; mais la mort la délivra

    le Port-Royal des Champs, près de Chevreuse. Les querelles suscitées par la Constitution Unigenitus amenèrent en 1709 la destruction de Port-Royal des Champs, mais le monastère de Paris subsista jusqu’à la Révolution. (Cf. Sainte-Beuve, Port-Royal.)

  1. La princesse Palatine qui transcrivait dans ses lettres tous les commérages de la cour, parle d’un empoisonnement. « La Montespan, dit-elle, était un diable incarné, mais la Fontange était bonne et simple toutes deux étaient fort belles. La dernière est morte, dit-on, parce que la première l’a empoisonnée dans du lait ; je ne sais si c’est vrai, mais ce que je sais bien, c’est que deux des gens de la Fontange moururent, et on disait publiquement qu’ils avaient été empoisonnés. » (Lettre du 19 novembre 1715.)