Page:Cazalis - Le Livre du néant, 1872.djvu/167

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tions donnent mes sensations, mes pensées ou mes rêves. Et cette surface de l’être est tout l’être. Le moi tout entier y vient aboutir, y prendre conscience de soi-même ; et le corps avec ses tissus et ses organes n’existe que pour porter et nourrir cette surface légère, qui seule en lui pense, rêve, et commande, qui seule aussi jouit et souffre.

Et sur ce globe, — voyez la place des êtres animés, — c’est aussi à la surface que, pareille à l’écume brillante roulée par les flots de l’Océan, est répandue la substance nerveuse, précieuse écume, poussière et matière délicate, pour qui tout ce monde semble fait, puisqu’elle lui donne avec la conscience de soi-même la conscience tout à la fois de sa grandeur et de sa misère, de ses joies et de ses douleurs.