Page:Cazalis - Le Livre du néant, 1872.djvu/22

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ainsi, jusqu’à la fin des siècles ! Or, si tout cela n’est que cela, néant pour néant, ne valait-il pas mieux le néant calme ?




C’était sur une place où la lune luisait : un vieil homme en guenilles montrait pour quelques sous les étoiles, et dans un grain de blé tout un étrange monde d’infusoires. On voyait, comme des reines, les étoiles marcher, et, comme des manants, les bêtes du grain de blé se manger l’une l’autre. De l’infiniment grand à l’infiniment petit ainsi l’on allait tour à tour, étonné de ces deux abîmes, épouvanté de ces deux silences, — entre lesquels l’oreille percevait le bruit des rues et le cri du vieil homme en guenilles, à qui ces infinis faisaient gagner des sous.

Ainsi le poëte, à qui le spectacle des