Page:Cazalis - Le Livre du néant, 1872.djvu/66

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plantes mêmes, si douces, si paisibles, mentent aussi, cachent des poisons.

Ô Jésus, doux Nazaréen, la Nature sourit de tes rêves, et sa loi reste et restera toujours la dure et cruelle loi mosaïque.




Je crois de plus en plus que les grandes idées de justice, de vertu, et même que l’idée de beauté sont des créations humaines, de généreux rêves du cerveau humain. Les idées de 89, entre autres, ne me semblent guère naturelles. L’égalité ? mais les animaux mêmes, les végétaux, les métaux, tous les règnes de la nature ont leur aristocratie, leurs races fatalement prédestinées à l’éclat, à la splendeur, à toutes les qualités royales : le lion, le cèdre, l’or ou le diamant seront toujours précieux et nobles. La fraternité ne peut guère non plus régner entre des êtres, qui,