Page:Cazalis - Le Livre du néant, 1872.djvu/69

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de la Terre, glorieux et superbe, le Soleil se couche, tel qu’un César, un tyran magnifique, qui a bien rempli sa journée. Il a donné la vie et a donné la mort ; il a embrasé la chair froide des vierges par sa toute-puissante lubricité ; il a écrasé d’immenses races humaines sous sa formidable splendeur ; il a rendu folles des pensées : et, glorieusement, il se couche en son lit de pourpre, beau comme un corrupteur, calme comme un jeune Empereur assassin.




La Nature brûle comme une amante. Le Soleil de baisers la couvre, l’étouffe, la tue ; elle le veut encore, toujours et sans fin le rappelle. — Aimez donc tous, aimez ainsi : lèvres des amants, unissez-vous ; brûlez ainsi, chairs des amants. Ayez votre heure d’illusion, votre part du glorieux mensonge ; un instant dans vos bras mortels,