Page:Cazalis - Le Livre du néant, 1872.djvu/71

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recrée ce qu’avait tué la mort : mais chose effrayante ! c’est pour elle de nouveau qu’il travaille et refait son œuvre.

C’est pourquoi ceux qui vont aimer, de peur qu’ils n’hésitent sans doute, comme les initiés du Vieux de la Montagne, sont-ils voués à l’ivresse !

Les fleurs, le vent du sud, la lune d’été versent leurs poisons subtils ; et, complices du Destin, dont ils seront bientôt les victimes, ayant bu le fatal et délicieux breuvage, les pâles amants s’étreignent en de mortels baisers, et, malgré eux souvent, évoquent de nouveaux êtres au sanglant mystère de la vie.




Femme, vide magnifique, miroir lumineux du néant, fugitive image, qui souvent rassembles en toi tout le mystère et toutes les cruelles splendeurs de la