Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/137

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de leur côté d’un air où se peignaient la surprise, le plaisir et l’inquiétude. La monotonie de cette situation me déplut ; je vis qu’il était temps de la rompre. « Biondetto, dis-je au page, la signora Fiorentina m’a promis de me donner un instant ; voyez si elle ne serait point arrivée. » Biondetto sort de l’appartement.

Mes hôtes n’avaient point encore eu le temps de s’étonner de la bizarrerie du message, qu’une porte du salon s’ouvre, et Fiorentina entre tenant sa harpe ; elle était dans un déshabillé étoffé et modeste, un chapeau de voyage et un crêpe très-clair sur les yeux ; elle pose sa harpe à côté d’elle, salue avec aisance, avec grâce : « Seigneur don Alvare, dit-elle, je n’étais pas prévenue que vous eussiez compagnie ; je ne me serais point présentée vêtue comme je suis ; ces messieurs voudront bien excuser une voyageuse. »