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Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/268

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vous voir passer la nuit mal à votre aise. J’ai besoin de repos : je suis plus que fatiguée, je suis excédée de toutes les manières. » En prononçant ces paroles du ton le plus animé, elle s’étend dessus le lit le nez tourné vers la muraille. « Eh quoi ! m’écriai-je, Biondetta, je vous ai déplu, vous êtes sérieusement fâchée ! Comment puis-je expier ma faute ? demandez ma vie.

— Alvare, me répondit-elle sans se déranger, allez consulter vos Égyptiennes sur les moyens de rétablir le repos dans mon cœur et dans le vôtre.

— Quoi ! l’entretien que j’ai eu avec ces femmes est le motif de votre colère ? Ah ! vous allez m’excuser, Biondetta. Si vous saviez combien les avis qu’elles m’ont donnés sont d’accord avec les vôtres, et qu’elles m’ont enfin décidé à ne point retourner au château de Maravillas ! Oui, c’en est fait, demain nous partons pour Rome, pour Venise, pour Paris, pour tous les lieux que vous voudrez que j’aille habiter avec vous. Nous y attendrons l’aveu de ma famille… »

À ce discours, Biondetta se retourne. Son visage était sérieux et même sévère. « Vous rappelez-vous, Alvare, ce que je suis, ce que j’attendais de vous, ce que je vous conseillais de faire ? Quoi ! lorsqu’en