Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/281

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elle vous précède, et doit vous attendre dans le premier village que vous rencontrerez sur votre route. »

Marcos sort. Machinalement je me frotte les yeux, et passe les mains sur ma tête pour y trouver ce filet dont mes cheveux devaient être enveloppés…

Elle est nue, en désordre, ma cadenette est comme elle était la veille : la rosette y tient. Dormirais-je ? me dis-je alors. Ai-je dormi ? serais-je assez heureux pour que tout n’eût été qu’un songe ? Je lui ai vu éteindre la lumière… Elle l’a éteinte… La voilà…

Marcos rentre. « Si vous voulez prendre un repas, seigneur cavalier, il est préparé. Votre voiture est attelée. »

Je descends du lit ; à peine puis-je me soutenir, mes jarrets plient sous moi. Je consens à prendre quelque nourriture, mais cela me devient impossible. Alors, voulant remercier le fermier et l’indemniser de la dépense que je lui ai occasionnée, il refuse.

« Madame, me répondit-il, nous a satisfaits et plus que noblement ; vous et moi, seigneur cavalier, avons deux braves femmes. » À ce propos, sans rien répondre, je monte dans ma chaise : elle chemine.