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Le tribunal des trois juges l’interroge.


Ton nom ? — Vingt-cinq ans.

Ton âge ? — Gonesse.

Ton pays ? — Jocrisse.


La pièce ajoute un calembour, non pour l’oreille, mais pour l’œil : « Les Diables rient. » — Pourquoi est-il aux Enfers ? — Il s’est trompé et a donné à son maître, un médecin, de la mort aux rats dans une gelée ; le médecin est mort :

« Tuer un médecin ! misérable ! » hurle l'enfer.

Malgré les prières de Colifichet, son bon génie, on jette Jocrisse dans la chaudière qui se change en char couleur de rose. Jocrisse profite de sa liberté pour prendre la cruche du nectar destiné à Pluton, il boit, brise la cruche et voilà tous les serpents infernaux à ses trousses. Suit enfin un enfer grotesque ou Proserpine mène Pluton par le nez, où les diables boivent en chantant et en dansant sur les airs alors à la mode de Démophon et de Lodoiska. Sauf la présence sur la scène de femmes court-vêtues, c’est à peu près l’enfer d’Orphée aux Enfers.


Cependant, comme tout s’use, même au théâtre, on épuisa le Jocrisse dans la ligne ascendante et descendante directes ; il fallut alors recourir aux collatéraux, et en 1841 on représenta la Sœur de Jocrisse, de MM. Varner et Duvert. Cette pièce eut un vif succès ; bien des gens n’avaient pas vu de Jocrisses sur la scène, car la dernière représentation