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La Galanterie au théâtre

leur avenir certain, grâce à leurs amitiés compromettantes.

Ces amitiés nous amènent à celui de tous les adultères qui nous semble le plus immoral et le moins ménagé, c’est celui de Julie (O. Feuillet, Th. Français). Le Supplice d’une Femme montrait une intrigue de longue date devenue intolérable ; ici c’est une amitié ancienne que les deux amis ne peuvent soutenir et qui tourne à la galanterie sur le tard ; la vertu pèse à ceux-ci comme le vice à ceux-là. L’amant doit avoir quarante-cinq ans au moins, il a été soldat et a vu grandir les enfants, car l’héroïne a des enfants, une fille de seize ans et un fils à l’école navale ; elle a dix-sept ou dix-huit ans de ménage et ne peut avoir moins de trente-six à trente-huit ans ; pour expliquer cette folichonnerie tardive il y a, il est vrai, la Crise, — pièce du même auteur, qui émet la théorie que toute femme, à un certain âge, désire vivement mordre au fruit défendu, — mais Julie n’en reste pas moins bien près du cynisme. Puis l’adultère résultant d’une pluie, l’Enéide transportée dans la banlieue de Paris, la grotte de Didon changée en loge de garde-concierge, tout cela n’a rien de poétique. Étrange idée de M. Feuillet, écrivain d’ordinaire laissé aux jeunes filles et contradicteur de Mlle de la Quintinie de G. Sand ! Les moyens employés sont ceux du’gros mélodrame ; une maladie de cœur foudroyante remplace seule l’antique phthisie légendaire. Le sujet nous semble plus immoral que tous les Demi-Monde