Page:Cellini, Oeuvres completes, trad leclanché, 1847.djvu/103

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ou à pied. Je dis ensuite à Alessandro et à Cecchino de faire feu, et je les postai de manière à esquiver les balles des assiégeants. Lorsque chacun de nous eut tiré deux fois, je m’approchai de la muraille avec précaution, et je vis qu’il régnait parmi les ennemis une confusion extraordinaire, occasionnée par une de nos arquebusades qui avait tué le connétable de Bourbon. Comme on le sut plus tard, il n’était autre que ce personnage que j’avais aperçu dominant ceux qui l’entouraient.

Nous battîmes en retraite en traversant le Campo-Santo, puis nous entrâmes par San-Piero, et nous sortîmes derrière l’église de Santo-Agnolo. Enfin, nous arrivâmes à la porte du château, non sans d’énormes difficultés, car le signor Rienzo de Ceri et le signor Orazio Baglioni blessaient et tuaient tous ceux qui abandonnaient la défense des murailles. Lorsque nous fûmes près de la porte, une partie des assiégeants avait déjà envahi la ville et se trouvait sur nos talons. Le gouverneur du château ordonna de baisser la herse, mais nous eûmes le temps d’entrer. Je fus aussitôt pris par le capitaine Pallone de Médicis qui, parce que j’étais de la maison du pape, me força, à mon grand regret, de quitter Alessandro. Au moment où je montais sur les fortifications, le pape Clément entrait dans le château par les corridors. Il n’avait pas voulu sortir plus tôt du palais de San-Piero, ne pouvant croire que l’ennemi réussirait à se rendre maître de la ville.

Une fois dans le château, je m’approchai de quelques pièces d’artillerie confiées à la garde d’un bombarbier florentin, nommé Giuliano. Ce pauvre diable, le visage collé à un créneau, voyait saccager sa maison et maltraiter sa femme et ses enfants. Dans la crainte de frapper les siens, il n’osait mettre le feu à ses pièces. Il avait jeté sa mèche à terre, et se déchirait le visage en se lamentant ; d’autres bombardiers en faisaient autant. Dans cette conjoncture,