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MÉMOIRES DE BENVENUTO CELLINI



CHAPITRE IV.
(1530.)

La fille de Raffaello del Moro. — Opération chirurgicale. — Messer Giovanni Gaddi. — Mariage manqué. — Attaque du guet. — Meurtre du frère de Benvenuto. — Épitaphe. — Armoiries des Cellini. — Vendetta. — Le voleur. — Le barbet. — Les pierreries du pape.

Je travaillais toujours dans la boutique de ce Raffaello del Moro dont j’ai parlé plus haut. Ce brave homme avait une jeune et belle fille, qu’il me destinait en mariage. Je m’en aperçus ; mais, bien que je désirasse cette union, je n’en laissai rien deviner ; j’étais même d’une telle réserve, que Raffaello en était étonné. Sur ces entrefaites, la pauvre fille eut la main droite attaquée d’un mal qui lui rongea les deux petits os qui accompagnent le petit doigt et celui qui est à côté. Par l’inadvertance de son père, la malheureuse enfant fut soumise au traitement d’un mauvais charlatan, qui déclara qu’elle resterait estropiée du bras droit, s’il ne lui arrivait pis encore. En voyant le chagrin et l’effroi du pauvre père, je l’engageai à ne point ajouter foi à ce misérable empirique. Il me répondit que parmi ses amis il ne se trouvait ni médecin, ni chirurgien, et il me pria, si j’en connaissais un, de le lui amener.

J’appelai aussitôt un chirurgien, nommé maestro Jacomo de Pérouse. Lorsque cet habile homme eut examiné la malade, dont l’épouvante était extrême, parce qu’elle avait