Pendant que je travaillais continuellement à mon grand ouvrage et pour la Monnaie, on commença à voir circuler à Rome des pièces fausses fabriquées avec mes propres coins. On les porta aussitôt au pape, en essayant de diriger ses soupçons sur moi. Sa Sainteté dit à Jacopo Balducci, le directeur de la Monnaie : — « N’épargne aucun soin pour trouver le coupable, parce que nous savons que Benvenuto est homme de bien. » — « Très-saint Père, répondit ce traître de directeur, qui était mon ennemi, Dieu veuille qu’il en soit comme vous dites ! malheureusement nous avons quelques preuves. » — À ces mots, Sa Sainteté se tourna vers le gouverneur de Rome, et lui recommanda de veiller un peu à ce que l’on découvrit le malfaiteur. Peu de jours après, le pape m’envoya chercher. Il amena adroitement la conversation sur les monnaies, et saisit un bon moment pour me dire fort à propos : — « Benvenuto, saurais-tu faire de la fausse monnaie ? » — « Je crois, lui répondis-je, que j’en ferais mieux que tous ceux qui s’adonnent à cette vile industrie. En effet, les gens qui commettent de telles scélératesses sont pauvres