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Page:Cellini, Oeuvres completes, trad leclanché, 1847.djvu/160

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MÉMOIRES DE BENVENUTO CELLINI



CHAPITRE VI.
(1530.)

L’orfèvre Tobbia. — La corne de licorne. — Pompeo de Milan. — Arrestation. — Interrogatoire. — Transaction. — Comment est faite la foi d’un pape.

Le cardinal Salviati, qui me détestait si cordialement, comme on l’a vu, avait été nommé légat de Parme. Dans cette ville on arrêta un orfèvre milanais, appelé Tobbia, que l’on condamna à la corde et au feu, pour crime de fausse monnaie. Le légat, ayant entendu parler de ce Tobbia comme d’un artiste du plus haut talent, ordonna de suspendre l’exécution. Il écrivit ensuite au pape qu’il avait entre les mains le plus grand orfèvre du monde. Il ajouta que cet homme avait été condamné à être pendu et brûlé, mais que c’était un pauvre diable d’une telle simplicité, qu’il assurait avoir consulté son confesseur, qui, a l’en croire, lui aurait donné permission de fabriquer de la fausse monnaie. — « Si vous faites venir ce grand artiste à Rome, continuait le légat, vous rabattrez l’orgueil de votre Benvenuto, et je suis très-certain que les ouvrages de ce Tobbia vous plairont infiniment plus. » — Le pape répondit donc qu’on eût à l’envoyer de suite à Rome.

Quand ce Tobbia fut arrivé, Sa Sainteté nous appela tous les deux et nous commanda un dessin pour une corne