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LIVRE PREMIER



CHAPITRE V.
(1524.)

Cartel. — Dénoûment pacifique. — Le graveur Lautizio. — Le ciseleur Caradosso. — L’émailleur Amerigo. — La peste. — La chasse aux pigeons. — L’escopette. — Les chercheurs d’antiques. — Trafic de pierres gravées. — Le chirurgien Giacomo de Carpi. — La Faustina. — La petite servante. — Maladie. — Guérison. — Les pirates. — Le saut périlleux. — Les réunions d’artistes à Rome. — Diego l’Espagnol. — Les corneilles.

J’ai entrepris d’écrire l’histoire de ma vie : je suis donc peu forcé de consigner ici la relation, sinon minutieuse, du moins succincte, de certains faits qui cependant sortent de la sphère de ma profession.

Un matin de la fête de Saint-Jean, notre patron, je me trouvai à dîner avec plusieurs de mes compatriotes, dont les uns étaient peintres, les autres sculpteurs ou orfèvres. Au nombre de ces artistes étaient le peintre Rosso[1] et Gianfrancesco, élève de Raphaël d’Urbin. Comme il ne régnait parmi eux aucune contrainte, tous riaient et plaisantaient,

  1. Le Rosso naquit à Florence, et mourut en France, l’an 1541. Après avoir étudié le carton de Michel-Ange et les productions des anciens maîtres, il fut appelé en France par le roi François Ier. Il exécuta, à Fontainebleau, de nombreux ouvrages, dont il ne reste plus que des fragments effacés, restaurés ou perdus par de maladroites retouches. Il fut un des maîtres qui exercèrent le plus d’influence sur l’art français, influence pernicieuse, quoi qu’on en dise, car elle enleva toute originalité à notre école, qui, avec des éléments étrangers au sol, mais dont l’ensemble nous était propre, avait su former un art vraiment national. — Le Rosso était en haute faveur près de François  Ier, qui lui avait donné un riche canonicat. Son caractère ombrageux et vindicatif causa sa ruine. Il s’attira des querelles fâcheuses, fit appliquer la question à son ami Francesco di Pellegrino qu’il accusa injustement de vol, et, pour expier cette faute, il eut recours au poison. — Voy. Vasari, Vie du Rosso, t. V, p. 72. I., I.