avec du blanc de Saint-Jean sur mur, et du blanc de plomb sur panneau. Au-dessus des poissons, sur tout le champ du tableau, établis quelques ombres de ce même verdaccio. Si tu voulais faire quelque poisson d’une espèce particulière, ajoute-lui quelques épines d’or. À quelque temps de là, quand tout est sec, passe sur tout le champ une couche de vert-de-gris à l’huile et fais de même sur panneau. Si tu ne voulais pas le faire à l’huile, prends de la terre verte ou du vert d’outremer, et recouvre tout également, pas assez couvert pour empêcher de transparer les poissons et les ondulations de l’eau ; même, s’il est nécessaire, relève ces ondulations au blanc de Saint-Jean sur mur, et sur panneau au blanc de plomb encollé. Ceci te suffit pour l’art du coloriste, venons-en à l’ornementation. Mais d’abord parlons des mordants.
Pour faire un mordant qui est excellent sur mur, sur panneau, sur verre, sur fer et partout, on s’y prend de cette manière[1] : Tu prendras ton huile cuite au feu ou au soleil, selon le moyen que je t’ai démontré précédemment ; broie avec cette huile un peu de blanc et de vert-de-gris, et quand tu l’as broyé liquide comme eau, mets dedans un peu de vernis, laisse bouillir quelques bouillons toutes ces choses ensemble, puis prends un de tes vases de verre, verse dedans et laisse reposer. Quand tu veux t’en servir pour vêtements ou ornements,
- ↑ Vasari, au ch. 28 de son Introd. alle arti del disegna, parle du mordant de glaire d’œuf d’eau et de bol d’Arménie comme le meilleur pour dorer sur panneau. C’est le même que Cennino enseigne au ch. cxxxi. Cependant, comme au temps de Vasari on ne dorait plus, Cennino pousse plus loin, dans les chapitres suivants, ses informations sur les mordants, et montre comment on en faisait un autre avec de l’ail. (Cav. Tambroni.)