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SECONDE PARTIE

main, tires-en les poils du milieu les plus droits et les plus fermes, et peu à peu fais-en de petits paquets ; baigne-les dans un verre d’eau claire ; et paquet par paquet rassemble-les et presse-les avec les doigts ; tailles-les avec des petits ciseaux. Quand tu en as disposé plusieurs paquets, rassembles-en quelques-uns de manière à former la grosseur que tu veux donner aux pinceaux ; que les uns entrent dans une plume de vautour, les autres dans une plume d’oie, d’autres encore dans une plume de poule ou de colombe. Quand tu as bien fait toutes ces divisions, les rangeant à distances égales, les pointes sur la même ligne, prends du fil ou de la soie cirée, formes un double nœud, lie-les bien ensemble, chaque sorte à part, selon la grosseur des pinceaux dont tu as besoin. Ensuite prends le manche de plume correspondant à la grosseur des poils liés ensemble, le manche étant ouvert et taillé d’avance, et introduis les soies par la pointe, n’en faisant sortir qu’autant qu’il en faut tirer dehors pour que le pinceau soit souple ; car plus il est doux et court, plus il est délicat et bon.

Fais ensuite un petit bâton d’érable, ou de châtaignier, ou de tout autre bois, poli, net et taillé en forme de fuseau, de la grosseur convenable pour entrer dans le manche de plume et de la longueur d’une main. Maintenant tu sais comment se fait le pinceau d’écureuil ; il est vrai qu’il en faut de différentes sortes, soit pour mettre l’or, soit pour travailler sur fayence ; ceux-ci doivent être taillés avec des ciseaux et aiguisés sur la pierre de porphyre, afin de les effiler et user un peu. Un pinceau de cette espèce pour filer doit avoir une pointe parfaite ; et il y en a qui doivent être aussi petits que possible pour certains travaux et des figurines de très-petite dimension.


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