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TROISIÈME PARTIE

l’autre bien nettoyés et tamisés. Si la chaux est bien grasse et fraîche, le mélange se fait de deux parties de

    Il se compose de chaux et de sable.

    La chaux doit être grasse. Celle d’Essone est pour Paris, je crois, la meilleure.

    Les sables de rivière ou de plaine sont bons, s’ils sont bien lavés et purgés de terre ou tout autre corps étranger. Le mélange de ces deux sables donne à la fois un enduit corsé et fin. Il faut tenir les sables à l’abri de la poussière.

    Cennino fait étouffer la chaux, et quand elle est ainsi réduite en poussière, il la tamise à sec comme le sable, puis fait du mortier pour quinze jours ou trois semaines. L’opération pour étouffer la chaux en grande quantité est assez difficile ; on peut aisément la brûler. J’ai préféré enfouir dans une voiture de sable plusieurs baquets, y faire éteindre la chaux par le moyen ordinaire, ni trop ni trop peu abreuvée, et j’ai pu ainsi la garder des années. Avant de faire l’enduit, je passais par un tamis cette chaux à l’état de crème ; elle tombait propre et purgée dans un vase de terre également enfouie dans le sable, et assez grand pour en contenir pour un mois.

    Si l’on avait à proximité du lieu où l’on travaille des caves pour garder la chaux, plus vieille meilleure elle serait. Je n’ai cependant jamais éprouvé d’inconvénient à employer la chaux fraîche, pourvu qu’il n’y ait pas eu trop d’eau ajoutée au mélange qui constitue l’enduit. Si l’on met trop d’eau, l’enduit est plus facile à faire, mais crève inévitablement. La chaux et le sable ainsi préparés et couverts, j’ai pensé que l’enduit fait chaque jour pour le travail de la journée était meilleur.

    Comme dit Cennino, l’enduit se compose de deux parties de sable, une de chaux. Il est bon d’avoir une mesure pour faire ces quantités exactes, et il faut battre le mélange sans craindre la fatigue. Les ouvriers, qui généralement la craignent, ajoutent de l’eau. J’en ai dit le danger.

    Si on peut mettre un crépi sur la muraille, il faut le faire. Le crépi est un mortier fait avec du sable plus gros, et qu’on laisse rugueux pour bien y accrocher le dernier enduit sur lequel on peint. Si on ne peut pas établir une forte saillie sur le mur et qu’il soit bien sain, on renonce au crépi. Un seul enduit de l’épaisseur d’une ou deux pièces cinq francs appliqué directement sur la pierre, adhère très-solidement. Les Grecs Bysantins usaient fort souvent de ce moyen ; il en reste bien des exemples. Il faut alors remplir d’abord les joints de pierre avec du mortier. Les piqûres dans la pierre sont inutiles. Un mur, s’il n’est pas lisse, n’est jamais trop bien dressé. Quand il s’y trouve des inégalités telles que trous, etc., l’enduit, plus lourd à des endroits qu’à d’autres, tend à se détacher.

    Après le mur sain et la bonne composition de l’enduit, son application est la partie la plus essentielle a observer. Mettre l’enduit sans gâter ce qui est