aussi, que jamais il ne ressemble à lui-même, et que tout ce qu'il embrasse, il l'arrache à l'avenir pour l'ajouter au passé. Comparés entre eux, ces temps, je parle du passé et de l'avenir, ne sont ni égaux, ni tels que l'un puisse être considéré comme plus court ou plus long que l'autre. Ce qui, en effet, n'a point de limites, n'est susceptible d'aucune mesure. Aussi n'essayerai-je point de mesurer le temps absolu ni par le nombre des années, ni par celui des siècles, ni par aucune espèce de division du temps fini : car tous ces termes de comparaison n'équivaudraient point, auprès du temps infini, à une seule heure d'hiver. Aussi, dans la revue que je vais faire des siècles passés, sans m'occuper de ces temps que les poètes ont nommés âge d'or, âge d'argent ou de tout autre nom, je prendrai pour point de départ la fondation de Rome, notre patrie commune.
Chapitre 17
XVII. Du siècle ; ce que c'est d'après la définition de divers auteurs ; ce que c'est d'après les Rituels des Étrusques ; ce qu'est le siècle des Romains ; de l'institution des jeux Séculaires, et de leur célébration jusqu'au temps des empereurs Septimius et M. Aurelius Antoninus ; du jour natal de Q. Cerellius. Et comme on divise les siècles en naturels et civils, je parlerai d'abord des siècles naturels. Le siècle est la plus longue durée de la vie humaine : il a pour limites la naissance et la mort de l'homme ; aussi ceux qui ont pensé que l'espace de trente ans formait un siècle, me semblent s'être gravement trompés. Suivant Héraclite, en effet, ce laps de temps est appelé g-genea (génération), parce qu'il s'opère dans cet espace une révolution d'âge d'homme. Or, on donne ce nom de révolution d'âge d'homme à l'espace compris entre le moment où il reçoit la naissance et le moment où il la donne. Quant au nombre d'années qui compose une génération, il varie suivant les divers auteurs. Herodicus prétend qu'elle se forme de vingt-cinq