Page:Censorinus - Le Jour natal, trad Mangeart, 1843.djvu/70

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années, Zénon de trente. Et quant à la durée du siècle, c'est une question qui, selon moi, n'a pas encore été suffisamment examinée. Bien des absurdités ont été débitées à cet égard par les poètes et même par les historiens grecs, quoique ceux-ci auraient dû, plus que les poètes, craindre de tant s'éloigner de la vérité ; témoin Hérodote, dans lequel nous lisons qu'Arganthonius, roi des Tartessiens, a vécu cent cinquante années ; témoin Ephorus, suivant lequel les Arcadiens prétendaient que quelques-uns de leurs anciens rois avaient vécu trois cents ans. Tous ces récits me paraissent autant de fables, je les passe sous silence. Mais il y a pareille divergence même parmi les astrologues, qui cherchent la vérité dans l'inspection des astres et des signes astronomiques. Épigène fixe à cent douze ans la durée de la plus longue vie humaine ; Bérose la fixe à cent seize années ; d'autres ont prétendu qu'elle peut aller jusqu'à cent vingt ans, et même plus loin encore, suivant quelques auteurs. Il en est qui ont pensé que le terme de la plus longue vie n'était pas le même partout, mais qu'il variait dans chaque pays, suivant l'inclinaison du ciel vers l'horizon, ce qui s'appelle climat. Mais, bien que la vérité soit cachée dans les ténèbres, cependant les Rituels des Étrusques semblent indiquer ce que, pour chaque cité, l'on nomme siècles naturels ; suivant ces livres, en effet, voici comment s'établit le commencement de chaque siècle : partant du jour de la fondation des villes et des cités, on cherche, parmi ceux qui sont nés ce jour-là, celui qui a le plus longtemps vécu, et l'on assigne le jour de sa mort pour terme à la durée du premier siècle. On en fait autant à l'égard de ceux qui sont nés ce jour-là encore, et la mort de celui qui a le plus longtemps vécu marque la fin du deuxième siècle. De même encore pour tous les siècles suivants. Mais, dans leur ignorance de la vérité, les hommes ont pensé que certains prodiges apparaissaient,