Page:Cerfberr - Contes japonais, 1893.pdf/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
contes japonais.

Le jeune homme se décida à tout lui dire, ses malheurs financiers et amoureux, ses espérances, ses déceptions.

— Écoute, dit Nareya d’une voix grave, quand j’étais toute petite, je courais avec insouciance tous les coins retirés de la montagne ; personne ne la connaît mieux que moi ; je n’ai jamais rien rencontré ou vu qui puisse m’inquiéter. Mais quand, devenue grande, j’ai pu entendre toutes les légendes fantastiques où les génies du volcan jouent un rôle effrayant, j’ai éprouvé, comme tous ceux qui m’entourent, une crainte superstitieuse. Pourtant, et bien que je croie que ton projet est une folie, je te guiderai jusqu’au sommet, parce que tu es malheureux et parce que je voudrais voir le bonheur luire dans tes yeux, comme le jour où tu as rapporté ici ton talisman.

VIII

Le lendemain, ils partirent. Yori avait abandonné ses sandales en bois de kiri pour des chaussures plus appropriées à une course dans les rochers, et Nareya avait jeté une étoffe sombre sur sa belle robe bleue brochée de dragons de soie jaune, afin de moins attirer l’attention des passants.

Ce fut une longue et rude ascension. Le volcan, dans ses périodes déjà anciennes d’activité, avait lancé d’énormes blocs de pierre qui s’étaient amoncelés sur ces pentes, et il fallait sans cesse les escalader ou contourner. Plus d’une fois, les deux voyageurs durent redescendre et refaire en partie le chemin parcouru, parce qu’une barrière infranchissable s’était élevée devant eux ; la terre, d’une couleur uniforme de cendres, fatiguait les yeux ; la chaleur était lourde, et souvent le vertige les prenait. Mais aucune difficulté ne les rebutait. Nareya surtout, la plus faible, était infatigable. C’est elle qui, aux passages périlleux, soutenait son compagnon, l’encourageait par sa confiance et sa gaîté.


Ce fut une longue et rude ascension.

Enfin, ils atteignirent le cratère. Un pressentiment, d’accord