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Page:Cerfberr - Contes japonais, 1893.pdf/27

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le chercheur de trésors.

d’ailleurs avec la légende, disait à Yori que là il trouverait la clé du mystère ; mais aucun indice : un grand trou, aux bords rougeâtres, au fond estompé de bleu sombre, d’où une légère vapeur s’élevait par saccades, comme chassée des profondeurs par l’effort d’un piston gigantesque.

Descendre dans ce gouffre, il n’y fallait pas songer. Les parois étaient à pic, et même avec une corde, on ne pouvait aller loin sans être asphyxié par la fumée, quelque faible qu’elle parût.

Assis au bord du cratère, Yori se désolait ; Nareya, elle, cherchait aux alentours, prise d’une confiance obstinée, et se refusant à croire que de si pénibles recherches pussent rester sans résultat.

Tout à coup, elle appela son compagnon et lui dit de regarder attentivement une large crevasse qui zébrait le sommet de la montagne.

— Vois donc, ne dirait-on pas qu’on a taillé dans le roc des marches grossières ?

— Le crois-tu ?

— Nous allons voir ; je vais descendre, tu me suivras.

En effet, après avoir dépassé l’entrée très étroite, ils se trouvèrent dans une sorte d’entonnoir, où la descente était facilitée par des degrés habilement ménagés.

Au bas de ce puits, un large couloir, éclairé çà et là par des fissures communiquant avec le dehors, se présenta devant eux. Ils le suivirent, et, après quelques minutes de marche, leur chemin fut barré par un profond précipice, au-dessus duquel passait un pont léger ; à l’extrémité, une porte monumentale, plus merveilleuse encore que celle du Shiro des Shôgouns à Yeddo, donnait accès au palais des génies de la montagne et sans doute aux trésors de l’Asama. La légende avait dit vrai.

Au milieu du pont, veillait une sentinelle, avec ses sabres et sa grande pique, de l’air négligé du gardien qui ne voit pas souvent venir des visiteurs.