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Page:Cerfberr - Contes japonais, 1893.pdf/62

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contes japonais.

se mêlaient les coquillages et les épingles brillantes, son teint mat, frais, ambré comme la fleur du prunier, un air de douceur et de modestie répandu sur ses traits si fins ; il voyait aussi ce gros chagrin, prêt à éclater, qui bridait sa bouche et gonflait ses yeux, chagrin dont il était cause, et qui, maintenant, faisait sur lui une impression plus vive que le rire de tout à l’heure.

La pauvre mousmé, la pauvre petite servante, légère comme un
La suivant des yeux dans son travail.
papillon, la tête vide comme un moineau ! ne fallait-il pas pardonner son étourderie ? Et qu’importait, en somme, au riche Hikusen, la perte d’un lé d’étoffe ?

— Comment t’appelles-tu, la petite servante ?

— Nézumi, seigneur.

— Nézumi, souris, c’est un nom qui convient bien à ta mine futée et à ton trottinement agile ! Eh bien, console-toi, Nézumi, tu ne seras pas grondée par Yotsu. Mais une autre fois, jeune étourdie, regarde où tu jettes ton marc de thé.

Yotsu arrivait à ce moment. Hikusen le salua.

— Je n’ai pas voulu passer près de ton yé sans te connaître, Yotsu ; ta renommée était parvenue jusqu’à moi, et je porterai à Seto le souvenir de ce passage dans ton palais. Je suis Hikusen, daïmio de Taratori.

— Ce matin est pour moi l’aurore d’un jour heureux, répondit