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CHAPITRE XXI.

Qui traite de la haute aventure et de la riche conquête de l’armet de Mambrin[1], ainsi que d’autres choses arrivées à notre invincible chevalier.



En ce moment, il commença de tomber un peu de pluie, et Sancho aurait bien voulu se mettre à l’abri en entrant dans les moulins à foulon. Mais Don Quichotte les avait pris en telle aversion depuis le mauvais tour qu’ils venaient de lui jouer, qu’il ne voulut en aucune façon consentir à y mettre le pied. Il tourna bride brusquement à main droite, et tous deux arrivèrent à un chemin pareil à celui qu’ils avaient suivi la veille.

À peu de distance, Don Quichotte découvrit de loin un homme à cheval, portant sur sa tête quelque chose qui luisait et brillait comme si c’eût été de l’or. À peine l’avait-il aperçu qu’il se tourna vers Sancho, et lui dit : « Il me semble, Sancho, qu’il n’y a point de proverbe qui n’ait un

  1. Armet enchanté appartenant au roi more Mambrin, et qui rendait invulnérable celui qui le portait.
    (Boyardo et l’Arioste.)