Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1836, tome 1.djvu/548

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pour rien au monde, ni fuir le péril qui le menace de si près ? Tout ce qu’il peut faire, c’est d’avertir son capitaine de ce qui se passe, pour qu’on remédie au danger par une contre-mine ; et lui reste là, attendant que tout à coup l’explosion le fasse voler aux nues sans ailes, et retomber dans l’abîme sans sa volonté. Si ce péril ne semble pas encore assez formidable, voyons s’il n’est pas surpassé dans l’abordage de deux galères qui s’accrochent par leurs proues au milieu du vaste océan, ne laissant, dans leur enlacement mutuel, d’autre espace au soldat que les deux pieds de la planche d’éperon. Il voit devant lui autant de ministres de la mort qu’il y a de bouches de canons et d’arquebuses braquées sur le pont ennemi, à la longueur d’une lance ; il voit qu’au premier faux-pas, il ira visiter les profon-