Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1836, tome 1.djvu/80

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nante avait hâte d’arriver à l’écurie, il s’approcha de la porte, et vit les deux filles perdues qui s’y trouvaient, lesquelles lui parurent deux jolies demoiselles ou deux gracieuses dames qui, devant la porte du château, folâtraient et prenaient leurs ébats.

En ce moment il arriva, par hasard, qu’un porcher qui rassemblait dans des chaumes un troupeau de cochons (sans pardon, ils s’appellent ainsi) souffla dans une corne, au son de laquelle ces animaux se réunissent. Aussitôt Don Quichotte s’imagina, comme il le désirait, qu’un nain donnait le signal de sa venue. Ainsi donc, transporté de joie, il s’approcha de l’hôtellerie et des dames, lesquelles, voyant venir un homme armé de la sorte, avec lance et bouclier, allaient, pleines d’effroi, rentrer dans la maison. Mais Don Quichotte comprit à leur fuite la peur qu’elles avaient. Il leva sa visière de carton, et, découvrant son sec et poudreux visage,