Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1837, tome 2.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

spect. J’essaie de réconcilier ceux qui sont en brouille, je suis dévot à Notre-Dame, et j’ai toujours pleine confiance en la miséricorde infinie de Dieu notre-Seigneur. »

Sancho avait écouté très-attentivement cette relation de la vie et des occupations de l’hidalgo. Trouvant qu’une telle vie était bonne et sainte, et que celui qui la menait devait faire des miracles, il sauta à bas du grison, et fut en grande hâte saisir l’étrier droit du gentilhomme ; puis, d’un cœur dévot et les larmes aux yeux, il lui baisa le pied à plusieurs reprises. L’hidalgo voyant son action : « Que faites-vous, frère ? s’écria-t-il. Quels baisers sont-ce là ? — Laissez-moi baiser, répondit Sancho, car il me semble que votre grâce est le premier saint à cheval que j’aie vu en tous les jours de ma vie. — Je ne suis pas un saint, reprit l’hidalgo, mais