Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1837, tome 2.djvu/254

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» En ce moment, de grands cris se firent entendre, ainsi que des pleurs accompagnés de profonds gémissements et de soupirs entrecoupés. Je tournai la tête, et vis, à travers les murailles de cristal, passer dans une autre salle une procession formée par deux files de belles damoiselles, toutes habillées de deuil avec des turbans blancs sur la tête, à la mode turque. Derrière les deux files marchait une dame (elle le paraissait du moins à la gravité de sa contenance), également vêtue de noir, avec un voile blanc, si long et si étendu qu’il baisait la terre. Son turban était deux fois plus gros que le plus gros des autres femmes ; elle avait les sourcils réunis, le nez un peu camard, la bouche grande, mais les lèvres colorées. Ses dents, qu’elle découvrait parfois, semblaient être clairsemées et mal rangées, quoique blanches comme des amandes sans peau.