Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1837, tome 2.djvu/290

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vous de Gaïferos, » et je n’en cite rien de plus, parce que c’est de la prolixité que s’engendre l’ennui. Il suffit de voir comment Don Gaïferos se découvre, et par les transports de joie auxquels se livre Mélisandre, elle nous fait comprendre qu’elle l’a reconnu, surtout maintenant que nous la voyons se glisser du balcon pour se mettre en croupe sur le cheval de son époux. Mais, ô l’infortunée ! voilà que le pan de sa jupe s’est accroché à l’un des fers du balcon, et la voilà suspendue en l’air, sans pouvoir atteindre le sol. Mais voyez comment le ciel miséricordieux nous envoie son secours dans les plus pressants besoins ! Don Gaïferos s’approche, et, sans s’occuper s’il déchirera le riche jupon, il la prend, la tire, et la fait par force descendre à terre ; puis, d’un tour de main, il la pose sur la croupe de son cheval, jambe de-ci, jambe de-là, comme un homme, et lui recommande de le tenir fortement pour ne pas tomber, en lui passant les bras derrière le dos, de manière à les croiser sur sa poitrine, car madame Mélisandre n’était pas fort habituée à semblable façon de cavalcader. Voyez aussi comment le cheval témoigne par ses hennis-