Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1837, tome 2.djvu/356

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gouvernement, aussi bien que le roi de ses tributs. D’ailleurs, nous savons déjà, par une foule d’expériences, qu’il ne faut ni beaucoup de talent, ni beaucoup d’instruction, pour être gouverneur, car il y en a par centaines ici autour qui savent à peine lire, et qui gouvernent comme des aigles. Toute la question, c’est qu’ils aient l’intention droite et le désir de bien faire en toute chose. Ils ne manqueront pas de gens pour les conseiller et les diriger en ce qu’ils doivent faire, comme les gouverneurs gentilshommes et non jurisconsultes, qui rendent la justice par assesseurs. Moi, je lui conseillerais de ne commettre aucune exaction, mais de ne perdre aucun de ses droits ; et j’ajouterais d’autres petites choses qui me restent dans l’estomac, mais qui en sortiront à leur temps pour l’utilité de Sancho et le bien de l’île qu’il gouvernera. »

L’entretien en était là entre le duc, la duchesse et Don Quichotte, quand ils entendirent de grands cris et un grand bruit de monde en mouvement dans le palais ; tout à coup Sancho entra dans la salle, tout effaré, ayant au cou un torchon pour bavette, et derrière lui plusieurs garçons, ou,