Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1837, tome 2.djvu/755

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monde, et resta seul avec Don Quichotte, qu’il confessa. En même temps, le bachelier alla chercher le notaire et le ramena bientôt, ainsi que Sancho Panza. Ce pauvre Sancho, qui savait déjà par le bachelier en quelle triste situation était son seigneur, trouvant la gouvernante et la nièce tout éplorées, commença à pousser des sanglots, et à verser des larmes. La confession terminée, le curé sortit en disant : « Véritablement, Alonzo Quijano-le-Bon est guéri de sa folie ; nous pouvons entrer pour qu’il fasse son testament. » Ces nouvelles donnèrent une terrible atteinte aux yeux gros de larmes de la gouvernante, de la nièce et du bon écuyer Sancho Panza ; tellement qu’elles leur firent jaillir les pleurs des paupières, et mille profonds soupirs de la poitrine ; car, véritablement, comme on l’a dit quelquefois, tant que Don Quichotte fut Alonzo Quijano-le-Bon, tout court, et tant qu’il fut Don Quichotte de la Manche, il eut toujours l’humeur douce et le commerce agréable, de façon qu’il n’était pas seulement chéri des gens de sa maison, mais de tous ceux qui le connaissaient.

Le notaire entra avec les autres, et fit l’intitulé du testament. Puis, lorsque Don Quichotte eut réglé les affaires de son âme, avec toutes les circonstances chrétiennes requises en pareil cas, arrivant aux legs, il dicta