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Page:Cestre - La Révolution française et les Poètes anglais, 1906.djvu/480

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POLITIQUE IDÉALISTE

conserve au fond du cœur ses sentiments d’autrefois *), il se fait le défenseur de la religion d’Etat, pour l’exemple, parce que la religion est un frein qui contient les passions populaires. Il donne une couleur d’orthodoxie aux derniers livres de V Excursion et retouche ce qu’il a déjà écrit du poème, pour le mettre d’accord avec ses nouvelles opinions. Il déclare publiquement son attachement au trône et à l’autel, a Salut à la couronne façonnée par la liberté pour ceindre le front d’un souverain anglais ! Salut au trône oii il s’assied !… Salut à l’Etat anglais !… Et ajoutons un salut non moins dévot à l’édifice spirituel de son Eglise* ». Il a un plan d’éducation obligatoire et gratuite, qu’on pourrait croire inspiré par des principes démocratiques : en réalité c’est un plan d’édification quasi religieuse, qu’il oppose au projet des démocrates. Les enfants du peuple n’ont pas besoin de cette fausse science, de cette prétendue culture, qui détruit la simplicité naturelle du cœur : qu’on ouvre les écoles à tous, mais pour y enseigner, avec la morale, la piété et la soumission.

VIII

Ce n’est pas par insensibilité hautaine, par indifférence pour la condition des humbles, ou par entêtement aveugle, que Wordsworth et Southey sont devenus ultra-tories. C’est par une erreur d’opinion qui a son origine dans la générosité même de leurs sentiments et dans leur attachement à l’idéal moral. Il leur aurait fallu la pénétration philosophique de Coleridge pour comprendre comment l’idée de justice politique, affirmée par la Révolution fran-

. Il écrit à Landor : « I abhor Priests and Priestcrafl ; but why spend our time in declaîming against it ? Better to endeavour to improve priests, whom one cannot and ought not tlierefore to do i^ithout. » Lettre du n déc. r8a4) Knight, vol. lll,’p. 98. a. The-lExcarsion VI, 1-8.