Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/139

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terrible. Immédiatement il se rappela la phrase du conseiller : « Nous avons un texte d’une portée générale qui établit nettement la contrainte par corps pour dettes commerciales. »

Une terreur s’empara de lui ; et tout de suite son cerveau de solitaire porté aux idées fixes, aux imaginations vite démesurées, lui représenta une cellule, le pain et l’eau, la vareuse grise, le bonnet du galérien ! Que la contrainte pour dettes recourût à des formes moins barbares, il ne se le disait pas ! La prison, c’était cela, ce qu’il voyait, un lieu d’ignominie, auquel livrer son fils lui semblait monstrueux, quand on n’avait pas tout fait jadis pour le mettre dans le droit chemin. Toute sa chair en frissonnait comme au contact du drap infâme !

Il se jeta sur son écritoire et répondit à maître Paillaud : « Vendez, vendez tout, vendez les fermes. » À ces instructions s’entremêlaient des explosions de désespoir. Il déversait dans cette lettre tout le trop-plein de sa douleur chaque jour refoulée. À mesure il se calmait :

« Ma terre de Fouchaut, acheva-t-il, est d’une