Aller au contenu

Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

deux mains, avec une sorte de sans-gêne évidemment intentionnel, et d’un caractère saisissant, dans la situation.

« Ce que je puis vous affirmer, madame, articula-t-il d’un ton très ferme, très grave, en comptant ses mots, c’est que M. des Lourdines jouit-de-toutes-ses-facultés ; c’est que M. des Lourdines est-parfaitement-sain-d’esprit… »

Or, cette affirmation, qui eût dû la rassurer, lui donna le frisson.

Abasourdie, elle le regardait à son tour, restait sans phrase. Une autre peur s’emparait d’elle, une peur vague, sans objet ; car, elle le voyait : il avait dans les yeux, au-dessus des yeux, dans le front, une pensée !

Elle écouta, sans les entendre, ses derniers conseils, répondit comme elle put à quelques propos indifférents, et le laissa partir…

Et ce fut, le lendemain, une autre visite : le père Placide arriva dans l’après-midi. Ce bon père, depuis plus de dix ans confesseur de Mme des Lourdines, jovial et florissant, buvait volontiers