Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/171

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toujours redouté de se trouver en présence des pommettes de la mort.

Assis à sa table, le front dans une main, tandis que, pensivement, ses doigts prenaient et lâchaient une petite soucoupe de porcelaine, des larmes lui coulaient. Il se rappelait pourtant avoir vu mourir quelqu’un, sa tante Désirée. Il avait dix ans alors. Dans un mouvement de détresse, il s’était jeté en larmes au pied du lit. Les parents disaient : « Il faut faire sortir cet enfant » ; il n’avait pas voulu. Frédéric lui avait mis la main sur l’épaule : « Monsieur Anthime, venez voir les chevaux… » Il n’y était pas allé ; et soudain il avait vu s’ouvrir la bouche et se violacer les traits.

Mais l’événement qui venait de se produire déconcertait son esprit, formé depuis à des émotions moins cruelles ; et même, à certains moments, cette mort ne lui paraissait être rien de plus que la terminaison d’un rêve, du rêve harassant qui, pendant six jours et six nuits, l’avait emporté à travers les campagnes.

Un repentir, bien réel cependant, le troublait :