Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/194

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sur son épaule son balai, sa fourche, et dit : « Faut que j’aille donner la botte au Comte Caradec. »


Anthime l’accompagna.

Le Comte Caradec, au lieu de languir à l’attache entre deux barres d’écurie, jouissait du privilège de pouvoir se tourner à sa volonté, sans entraves, entre les quatre murs d’un box. Tous les jours, vers cette heure-là, il recevait la visite de son maître, lequel ne se lassait pas de contempler les formes de son ancien cheval de course, occupation à quoi sans doute lui aidaient ses souvenirs, la pauvre bête n’étant plus qu’une ruine. On ne se donnait même plus la peine de l’étriller. Le poil ardait dans tous les sens, par touffes bourrues, tel un gazon dégénéré. L’encolure présentait bien encore quelques vestiges de finesse ; mais les hanches paresseusement chavirées, débordaient, en portemanteau, rejointes aux flancs par un flasque pli de peau tout usée. Ce pli de peau faisait peine. Depuis plusieurs saisons, on n’avait pas tondu