Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/216

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les cailloux, d’un cours d’eau gonflé par les averses.

Parfois, la forêt s’éclaircissait, semblait déclarer sa limite, mais c’était pour se reformer, pour les ressaisir encore ; et c’était toujours aussi, dans le clair des cimes, les grands nuages, qui marchaient dans le même sens qu’eux, tout près d’eux.

« Mais où m’emmenez-vous donc, mon père? demanda Anthime, que cette marche, à la fin, par des raccourcis souvent incommodes, intriguait fort.

– Viens, Anthime, suis-moi toujours.

– Ah ! vous la connaissez, votre forêt ! vous la connaissez mieux que moi !

– Eh ! oui… je la connais mieux que toi ! »

Un chemin creux, qu’il leur fallait prendre, se présenta, empâté d’un talus à l’autre d’une boue profonde.

M. des Lourdines, sans hésiter, y entra, enfonçant jusqu’à la cheville. Anthime préféra grimper sur le talus, où il ne s’avança que lentement, dans un bruit d’étoffe accrochée. La terre