Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/226

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par les veilles, qu’il revit tout à coup dans ses souvenirs : petit garçon vêtu d’une veste à brandebourgs et chaussé de bottes à la Souvarov. Et, avec l’atroce sensation que toute son âme, d’un seul coup, se déchirait, il reconnut qu’aucun geste ne se préparait dans ces bras tombants, qu’aucun élan ne se faisait jour dans la paix de ces yeux verts.

Sa voix trembla :

« Anthime !… tu ne sais pas ce que c’est que vieillir !

– Mais… mon père…

– Oh ! non, Anthime, sûrement !… et voilà… tu ne sais pas non plus ce que c’est qu’aimer !

– Mon père… pourquoi me dites-vous cela ?

– Et tu as, naturellement, questionna-t-il d’une voix étranglée, l’intention de retourner à Paris ? »

Anthime ne répondit pas. Son père le regardait, le fixait au front, comme s’il voyait, à cette place, se dessiner une marque. Puis, tout à coup, ses joues se marbrèrent de rougeurs, ses narines blanchirent :