Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/244

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avait fait prendre d’abord quelque espoir. Il avait pensé le voir entrer, après une pareille émotion, dans la voie des résolutions généreuses et énergiques. Mais cet espoir se dissipait ; Anthime semblait n’avoir rien retenu des paroles qui avaient été prononcées là-bas ; il se tenait à l’écart, muet, effondré.

Et, justement, une grande crainte, une frayeur lui était née de ses dernières réflexions : c’était qu’Anthime, cette tête chaude, ce casse-cou, ne quittât, cette fois encore, la maison !

« Où prendrait-il ses moyens d’existence ? »

Hélas ! ce n’était point là raison de force à le retenir, s’il était décidé de porter ailleurs sa misère ! Alors que serait-il fait de ce malheureux enfant ? Et lui-même, lui-même, que deviendrait-il, tout seul, dans son Petit-Fougeray dévasté ? Ah ! ce ne serait plus la solitude qu’il avait aimée, mais un silence sans échos, sans cœur ! La solitude qu’il entrevoyait maintenant le faisait frémir…

Et là, devant son feu, il se plongeait la tête dans un tas de combinaisons destinées à séduire Anthime,