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Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/250

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Anthime sortit précipitamment du cellier, courut devant lui ; il fuyait. Il fuyait à travers les bosquets, cassant des branches. Il alla jusqu’au bout de la propriété, jusqu’aux arbres, derrière lesquels il avait entendu rire les petites filles.

Il s’accula au muret.

La cour se trouvait là-haut, les bois la lui dérobaient, mais il croyait entendre parler le marchand, voir encore à la carriole les chevaux bridés de serge…

Jusqu’ici, aucun fait tangible n’était venu matérialiser, sous ses yeux, l’horreur de sa situation. Or, tout à l’heure, la chose elle-même il venait de la voir, d’en toucher le témoignage irrécusable !

Hagard, il se tenait contre le vieux pan de muraille, les mains crispées sur le lierre.

Il ne savait plus où fuir !

Dès l’enfance, livré par une volonté nulle à toutes les suggestions qui passaient, ne soupçonnant rien des ressources de la résistance intérieure, tout son être, au premier choc, s’était dissous, n’avait plus formé qu’un chaos d’impressions