Aller au contenu

Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Avec un soupir, en homme qui avait plus que son compte déjà de ce qu’il endurait, il se leva et alla regarder par la fenêtre : la charrette se trouvait dételée en effet, rangée contre le mur.

La cour était silencieuse, blanchie par le gel.

Un duvet, puis un autre, voletait, comme de la neige. Le froid coupait.

Il referma la croisée et regagna son lit.

Son père ne descendit que pour le déjeuner.


Ils se retrouvèrent l’un en face de l’autre.

M. des Lourdines, aujourd’hui, faisait preuve du même abattement que son fils. Ses grosses paupières étaient toutes gonflées.

C’est qu’il aimait Célestin comme on aime un vieil ami de quarante ans : que de transformations dans la propriété, que d’essais agricoles, que de menus travaux ils avaient faits ensemble ! C’était Célestin qui avait tracé les allées de la futaie, creusé dans la prairie les rigoles d’irrigation, construit le poulailler et la bergerie ! Et dans la maison même, que de chevrons remplacés, que de lézardes bouchées, que de portes