Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/264

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sentit point de mire de tous ces yeux humides ; il vit, tournés vers lui, tous ces visages congestionnés par le repas. Mais le bonjour lui fut donné dans la forme habituelle, sans nuance de froideur ; et il en recueillit, sur le moment, une impression apaisante. Seule, la paysanne lui fit, sans dire mot, une manière de révérence sèche et guindée qui attestait, aussi bien que le fond de sa rancune, le mépris tout particulier du paysan pour le maître déchu de ses finances. Il se sentit rougir.

« Assieds-toi donc ! lui dit son père.

– Vu qu’il est sans femme, le pauvre, fit entendre la campagnarde, reprenant la conversation interrompue, nous lui donnerons la soupe et le coucher ; ce sera toujours autant !

– Voilà ! annonça Frédéric, en curant ses sabots sur le bord de la marche, la jument est attelée.

– La jument est attelée ? dit la femme… alors… si la jument est attelée… »

Estelle se laissa choir sur un banc et fondit en larmes.