Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/283

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s’emparait de lui ; il perdit l’équilibre et chancela contre le mur…

Accoté d’une épaule, les jambes fléchissantes, il serrait les crosses au point que ses mains ne les sentaient plus ; la sueur coulait à ses tempes. Il attendait que cela se passât… Cela ne se passait point ! Le violon jouait toujours ! Il écoutait : les sons semblaient s’éloigner de lui… ils ne lui faisaient pas de mal… Alors il releva la tête, il reprit son aplomb ; il se rapprocha encore, haletant ; c’était là une chose extraordinaire ! Soudain, il sentit sa mœlle se glacer : plus de doute ! ce chant venait de la chapelle !… un rai de lumière filtrait… le loquet n’était pas mis… Tout tremblant, il poussa légèrement la porte… une onde généreuse de musique l’enveloppa… il recula, stupéfait.

C’était son père qui jouait du violon !

Il voulut se sauver, mais les sons, on eût dit, l’aspiraient à eux ! Malgré lui, il revint, se terra, passa sa tête dans l’entrebâillement ; et maintenant, frappé d’une totale impuissance à s’éloigner de cette porte, il ne respirait