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Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/290

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depuis longtemps déjà, la lampe s’était éteinte aux carreaux de la cuisine.

La lune monta derrière les futaies. Bientôt, dans la chapelle où, ce soir encore, M. des Lourdines se trouvait à jouer du violon, elle réapparut, au milieu du pan de ciel que découvrait la brèche. Resplendissante, elle s’arrondissait au-dessus de la tribune, comme si elle eût plané dans la chapelle même.

Anthime craignait que cette clarté ne trahît sa présence. Heureusement, il se trouvait blotti au bas de l’escalier, dans la partie la plus obscure. De bonne heure il était venu se cacher là, dans un renfoncement, entre des madriers et la muraille, et il avait attendu, dans l’espoir que son père viendrait peut-être, qu’il l’entendrait encore une fois. Il avait apporté ses armes, pour se tuer dès que son père serait parti.

Sa journée s’était traînée lamentablement. En lui rappelant au vif la chanteuse, cette musique avait réveillé toutes ses affres, un instant assoupies dans la pensée d’un prompt suicide. Mais sa douleur n’était plus tout à fait la même, celle-