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Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/295

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avec le chant qui l’accompagnait, cette vieille chanson enchâssée dans la trame, tout, jusqu’à ses moindres attitudes, prouvait qu’il jouait ainsi d’inspiration, qu’il développait sur son violon les thèmes contenus dans son cœur !… Son violon, c’était en quelque sorte lui-même, c’était son cœur qui battait, sa bouche qui parlait !

Et cependant, non !… Il s’effarait de sa découverte ; elle le révolutionnait, elle lui révélait, à la place de son père, un homme qui subitement lui devenait étranger, que personne ne connaissait, n’avait jamais connu !

Mais le violon continuait de gémir, et c’était bien l’accent de la grande souffrance, telle qu’il venait de l’éprouver lui-même en ces derniers jours… Il était désorienté, troublé jusqu’au fond de l’âme. « Pauvre bonhomme ! pauvre bonhomme ! » murmura-t-il, et il s’affaissa, le front dans les mains.


La lune avait disparu, poursuivant son ascension. Du haut de la nuit, ses rayons devaient