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Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/46

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Il le retenait par son collier, le laissant aboyer, donnait à la petite bête le temps de s’enfouir dans un creux du talus. Puis il reprit sa route, car maintenant, au haut de la montée, dans l’ovale des frondaisons, s’embrunissait la perle humide et dorée du soir.


D’une toiture de vieilles tuiles, perdue au milieu des labours, dans un creux profond de la forêt, s’élevait une petite fumée bleue. M. des Lourdines ne passait jamais ici sans regarder, du haut du coteau, fumer cette Charvinière, une ferme qui dépendait du Petit-Fougeray depuis quatre générations. C’était là que ses parents, partant pour l’émigration, l’avaient mis en nourrice : il y était même resté jusqu’à l’époque de son entrée au collège.

Exquis souvenirs que ceux de cette enfance où son parler ne différait pas du patois des petits paysans ! Mille faits de ce temps lui remplissaient la mémoire, comme un jour, d’avoir, à pleines mains, dévoré en cachette toute une « moche » de beurre ! Mais ce qu’il revoyait