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Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/53

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Le petit cheval blanc du moulin de la Bigne faisait ainsi tous les lundis le tour des villages, recevant des uns un sac de blé à moudre, et rapportant aux autres leur dû de belle farine moulue. Toujours précédant son maître, il se passait à merveille qu’on lui indiquât son chemin. Si, baguenaudant quelque part, le meunier négligeait de pousser le « Ouoh ! » qui arrête les chevaux sur leurs quatre pattes, le petit cheval poursuivait sa route, et c’était l’autre alors que l’on rencontrait au galop dans les chemins creux, lançant en travers de grands coups de fouet sonores, de l’air du monde le plus rassuré.

En effet, un coup de fouet retentit sous les châtaigniers, et Suire accourut, blanc comme sa bête, avec sa face plate couleur de levain, et le rire béat de sa bouche démeublée ; une vraie tête de meunier, sous le bonnet de coton qui ne laissait retomber que sa mèche.

« Bien le bonjour, notre monsieur.

– Bonjour, Suire, et d’où viens-tu comme cela ? »