Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/119

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Ma main n’a su garder que les cordes moins fières
Qui chantèrent Hélène et les joyeux larcins,
Et l’heureuse Corcyre amante des festins.
Mes chansons à Camille ont été séduisantes.
Heureux qui peut trouver des Muses complaisantes,
Dont la voix sollicite et mène à ses désirs
Une jeune beauté qu’appelaient ses soupirs..
Hier, entre ses bras, sur sa lèvre fidèle,
J’ai surpris quelques vers que j’avais faits pour elle.
Et sa bouche, au moment que je l’allais quitter,
M’a dit : « Tes vers sont doux, j’aime à les répéter. »
Si cette voix eût dit même chose à Virgile,
Abel, dans ses hameaux il eût chanté Camille ;
N’eût point cherché la palme au sommet d’Hélicon,
Et le glaive d’Enée eût épargné Didon..



ÉLÉGIE IX.


Ainsi vainqueur de Troie et des vents et des flots,
D’un navire emprunté pressant les matelots,
Le fils du vieux Laërte arrive en sa patrie,
Baise, en pleurant, le sol de son île chérie ;
Il reconnaît le port couronné de rochers,
Où le vieillard des mers accueille les nochers,