Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/135

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Là, les danses, les jeux, les Suaves concerts,
Et la fi niche Naïade, en ses grottes de mousse,
S’écoulant sur des fleurs, mélancolique et douce.
Là jamais la beauté ne pleure ses attraits :
Elle aime, elle est constante, elle ne ment jamais ;
Là tout choix est heureux, toute ardeur mutuelle,
Et tout plaisir durable et tout serment fidèle.
Que dis-je ? on aime alors sans trouble ; et les amans
Ignorant le parjure, ignorent les sermens.

Venez me consoler, aimables héroïnes :
Ô Léthé ! fais-moi voir leurs retraites divines ;
Viens me verser la paix et l’oubli de mes maux.
Ensevelis au fond de tes dormantes eaux
Le nom de Lycoris, ma douleur, mes outrages.
Un jour peut-être aussi, sous tes rians bocages,
Lycoris, quand ses yeux ne verront plus le jour,
Reviendra toute en pleurs demander mon amour ;
Me dire que le Styx me la rend plus sincère,
Qu’à moi seul désormais elle aura soin de plaire,
Que cent fois, rappelant notre antique lien,
Elle a vu que son cœur avait besoin du mien.
Lycoris à mes yeux ne sera plus charmante :
Pourtant… Ô Lycoris ! ô trop funeste amante !
Si tu l’avais voulu, Gallus plein de sa foi,
Avec toi voulait vivre et mourir avec toi.